Accrochez-vous à votre siège car l’histoire du château d’Anet est un vrai roman d’aventure, de romance et de drames ! Ce domaine est à l’image de la France : pétri par le temps, les caprices des puissants, la révolte des petits, la puissance créatrice et la volonté de demeurer ancrer dans sa terre. Rêvé par une grande dame, le domaine d’Anet recèle aussi la force d’un destin, celui de Diane de Poitiers, jeune veuve devenue favorite royale et femme de pouvoir. Survolez le château d’Anet pour mieux en comprendre l’étrange destinée !
Pourquoi survoler le château d’Anet en particulier ?
Embarquez dans notre petite machine volante à voyager dans le temps, notre avion ULM, et faites connaissance avec un rescapé de pierres ! Survoler le château d’Anet à l’occasion d’un baptême de l’air offre la vision idyllique d’un domaine qui a traversé les pires épreuves pour resplendir de nouveau sous vos yeux. Nos circuits de vols découverte en Normandie vous y mènent tout droit !
Si le plan d’ensemble a bien changé, on reconnaît volontiers les efforts déployés par les restaurateurs du domaine depuis le XIXe siècle. Mieux que les visiteurs restés sur le plancher des vaches, on peut distinguer nettement depuis les grandes baies de l’avion :
l’aile gauche rescapée ;
la chapelle royale et son plan en croix grecque ;
la chapelle funéraire qui accueille de nouveau le corps de Diane de Poitiers depuis 2010 ;
le fossé ;
les façades ;
le cryptoportique retrouvé et ressorti de terre qui encercle le domaine ;
les dépendances ;
le grand parc ;
et le massif portique d’entrée, majestueux avec son horloge lunaire enchâssée et peut-être trop imposant au regard de ce qu’il reste du château d’origine voulu par Diane de Poitiers.
À travers cette vue d’ensemble, le passager d’un baptême de l’air en Vallée de l’Eure profite d’un angle de vue inédit qui révèle toute la beauté d’un site classé aux Monuments historiques depuis 1993, une demeure privée mais ouverte au public. Trop de grands domaines sont encore fermés aux visiteurs mais les actuels, et heureux, propriétaires du château d’Anet ont décidé de ne pas garder pour eux seuls ce trésor du patrimoine. Les visites permettent bien entendu d’entretenir les lieux mais aident aussi à mieux appréhender la place toute particulière du domaine dans le cadre historique et touristique d’Anet. Impossible de traverser la ville sans tomber sous le charme de ce château qui en a vu de toutes les couleurs !
Le château de Diane de Poitiers depuis le ciel : l’histoire dans tous ses excès
Vu depuis le cockpit d’un avion ultraléger au cours d’un baptême de l’air en Normandie, il semble bien calme. Pourtant, les pierres baignées de soleil et de verdure du domaine d’Anet ont bien des choses à nous conter.
La première forteresse, faite d’épaisses murailles et d’un plan standard de quatre tours avec donjon, date du XIIIe siècle. Comme de nombreuses structures défensives en Normandie et dans l’Eure, elle était destinée à prévenir les conflits territoriaux entre Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.
La bâtisse est ensuite aménagée durant le XIVe siècle sur ordre de Charles le Mauvais, seigneur d’Anet. Sa révolte contre l’autorité royale provoque le démantèlement des lieux vers 1378 avant d’être donnés au grand sénéchal Pierre de Brézé par Charles VII en remerciement de ses victoires sur les Anglais en Normandie.
C’est sa jeune bru devenue veuve, Diane de Poitiers, qui en hérite en 1531. Profitant de sa place de préceptrice du prince Henri II puis de favorite de François 1er, elle fait reconstruire un château à Anet dès 1540. C’est une femme cultivée, qui fréquente déjà les grands architectes et artistes de son temps. Elle invite ainsi Philibert Delorme, Jean Goujon et Jean Cousin à mettre leur talent au service de son projet. Le château d’Anet fait l’admiration de ses contemporains mais va subir les pires assauts aux mains de ses propriétaires successifs. Le petit-fils de Diane de Poitiers se couvre de dettes et doit vendre la demeure qui passe aux mains des Bourbon, ducs de Vendôme et princes de Condé.
César de Bourbon entreprend des modifications qui comprennent plus de destructions que d’ajouts. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, le château d’Anet oscille entre faste et décadence, au rythme des fantaisies caractéristiques de ses divers propriétaires, tantôt dispendieux, tantôt bons gestionnaires. Les destructions s’accroissent avec les caprices dévastateurs de la Révolution française. Le domaine est confisqué et le tombeau de Diane de Poitiers vandalisé et pillé. Les premiers acquéreurs du XIXe siècle ne font pas mieux : des banquiers le dépècent de ses éléments ornementaux extérieurs pour les vendre et un certain Demonti s’attaque aux arbres du parc avant de faire dynamiter le corps central et l’aile droite. Il faut une émeute populaire des habitants d’Anet pour que le massacre cesse en 1811 !
Les Bourbon récupère une bâtisse vide et saccagée en 1820. Le coût des réparations promet d’être exorbitant : le château d’Anet est rapidement revendu. En 1840 commence la restauration du domaine martyrisé. Le comte Adolphe de Riquet de Caraman rend au château d’Anet ses pavillons, son vestibule, sa toiture, son portail d’entrée. En 1860, il doit vendre à son tour. C’est Ferdinand Moreau qui se porte acquéreur et poursuit la restauration de l’unique aile survivante, des jardins, de la chapelle, de la décoration et de l’ameublement. Le château reste dans la famille et traverse les deux guerres, tour à tour hôpital pour la Croix-Rouge puis dépôt de carburant et de véhicules pour les autorités d’Occupation basées à Chartres. Pour assurer l’entretien et l’avenir du château d’Anet, les actuels propriétaires, descendants de Moreau, ouvrent le domaine au public.
Depuis les airs, les siècles d’histoire du château d’Anet font écho à ceux de la Normandie tout entière. Entre faste architectural, situation stratégique, seigneurie disputée et enviée, Anet est fière de présenter son héritage de pierres et d’ornements. Un baptême de l’air vous fait découvrir le château d’Anet et prendre la mesure de son lourd passé : une histoire digne des plus grandes sagas !